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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 11:22

notesdessin qui fait un tabac en salle des profs

  Faut-il mettre les parents à la porte des établissements scolaires à grands coups de savates dans l'arrière-train ? C'est une proposition vis-à-vis de laquelle j'ai du mal à formuler une opinion tranchée, car deux points de vue s'affrontent en moi :

1) mon côté  « décliniste républicain réac' anti-pédagogo à bas les IUFM »
tend à penser que l'Educ'Nat' a form(at)é beaucoup de ses ouailles d'une façon tout à fait discutable, faisant la promotion de méthodes délirantes via des idéologies abstruses dont les méfaits vont encore se faire sentir longtemps, et même qu'on continue parce que quitte à faire fausse route, autant prendre la voie sans issue jusqu'au ravin final. 

« M'sieur ! Elle veut rien dire, vot' métaphore, là ! »

Oui, vous avez raison, Philinte. Je promets donc de ne plus faire de métaphores jusqu'à la fin de cet article !

  À partir de là, je comprends que les parents se soient emparés de la question, aient comparé les offres, soient pour certains devenus de véritables spécialistes de la controverse des méthodes de lecture ou du taux de grammaire dans le sang qu'un élève est en droit de devoir supporter.

  Et là, j'ose un aparté personnel. Ma mère, femme de tête et même de forte tête, avait, suite à un déménagement en Bretagne, demandé à rencontrer les directeurs des deux écoles primaires de ma ville, l'une publique, l'autre privée, afin de savoir où j'apprendrais à lire (en fait, il paraît que j'ai appris à lire devant les chiffres et les lettres. Betrand Renard, you rocked my world !). Nouvelles méthodes à la pointe de l'innovation pédagogique dotées de 3 lames qui reconnaissent le poil avant de l'esquiver ni vu ni connu, lui fut-il répondu chez mon futur employeur (l'État. Suivez un peu !). B.A.-BA et bonnes sœurs, lui expliqua-t-on à côté. J'eus donc quelques bonnes sœurs comme institutrices et appris à lire, fis de la grammaire à fond les ballons à l'aide de l'inénarrable BLED. Et ce fut le début d'une longue carrière d'élève dans l'enseignement privé. 

  Conclusion : si ma mère ne s'était pas sérieusement penchée sur la question, j'eusse fini dyslexique, et vous seriez en train de vous arracher les yeux au moyen de tenailles de forgeron devant l'orthographe cataclysmique de ce blog. Bon, peut-être pas quand même, mais disons que je crois avoir eu ce qui se fait de mieux. Merci les parents ! 

 

2) mais mon côté
« corporatiste syndiqué pragmatique professionnellement conscientisé  et tout aussi républicain que l'autre » objecte que les profs, c'est quand même moins pire que les parents, dans l'ensemble. Et que depuis qu'on a invité ces derniers à donner leur avis dans toutes nos instances — du conseil de classe des 5e mimis au conseil d'administration sur le budget de l'établissement — non seulement ils ne se privent pas de le donner, mais ça leur laisse également penser qu'ils peuvent tout se permettre. 
 
  Et, malgré quelques remarques de parents intelligents qui, généralement, comprennent bien que nous ne sommes pas des bons à rien qu'on a posés devant un tableau noir (ou blanc, ou numérique) en attendant les prochaines vacances, le bilan de l'intrusion des parents dans les établissements scolaires m'apparaît désastreux. Entre ceux qui règlent leurs comptes avec leur propre scolarité par enfants interposés, ceux qui pensent que leur bon sens va révolutionner le fonctionnement du collège, ceux qui pensent que l'école doit tout apporter à la chair de leur chair (ce qui les dédouanne d'apporter, eux, quoi que ce soit de vaguement éducatif), ceux qui nous demandent de remettre Zorglub dans le droit chemin alors qu'il faudrait peut-être commencer par lui enlever cette télé, cette console et cet ordinateur de sa chambre, ceux qui pensent que nous sommes vraiment tous des cons et ceux qui ne font pas franchement l'effort de penser, nous sommes servis. J'exagère ? Peut-être pas tant que ça, méfiez-vous...

  Bref, d'un côté, je suis pour que les parents soient investis dans l'éducation de leur enfant, qu'ils veuillent le meilleur pour lui et qu'ils s'intéressent à ce que nous faisons dans nos cours. Je suis pour qu'ils aient une claire vision de ce qu'un bon enseignement doit être. Mais j'ai du mal à les voir se regrouper en fédérations-lobbys quand c'est pour faire autre chose que de demander au rectorat que le prof en arrêt maladie depuis la Grande Peste Noire soit enfin remplacé. Surtout quand c'est pour nous en rajouter une couche question idéologie lénifiante et bien-pensante, comme si on n'en avait pas reçu assez, de l'idéologie bien-pensante et lénifiante. Surtout quand c'est pour hurler à la mort dès que la prunelle de leurs yeux ramène une punition au foyer familial, et prendre — mal typique de l'école d'aujourd'hui — systématiquement la pose du défenseur de l'enfant devant le prof, quand il faudrait évidemment faire l'inverse dans 95% des cas minimum. Parents, montrez au sale gosse que les adultes se serrent les coudes pour tirer le meilleur de lui, quitte à parfois le presser comme un citron lorsqu'il l'a bien mérité (tant pis pour ma promesse de ne plus faire de métaphores...) plutôt que de... euh... là, je n'arrive pas à filer mon image, mais vous aurez compris !


 
  La prochaine fois, je vous raconterai l'histoire de Ma Dalton, mère d'élève tout à fait typique de ces parents qui nous donnent une irrépressible envie de piquer ses clefs à la gardienne afin de verrouiller l'établissement à double tour dès qu'elle s'en approche à moins de 10 km. En attendant, parents et collègues (et vous aussi, individus schizophrènes qui parvenez à être les deux à la fois !), défoulez-vous dans les commentaires ! 

 

 

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commentaires

S
You have shared an interesting article here about the role of parents. This article had let me know about you more and I really liked the way you mentioned about your mother. I can figure out your love for your mother through this article.
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A
<br /> Tout à fait d'accord avec vous! Ils deviennent une espèce en voie de disparition les parents qui ne partent pas du principe qu'un prof ne bosse que 18h et a des vacances - bandes de planqués va!On<br /> devrait les protéger je crois!<br /> Alors je salue ces parents qui mettent encore ces mots fort agréables pour vous soutenir quand vous punissez leurs enfants, qui, parfois, redonnent eux-mêmes une punition supplémentaire ou qui vous<br /> disent,(si, si!) : "on est de votre côté, alors s'il y a le moindre souci, n'hésitez pas!!".Je crois que le pire c'est que les enfants des parents ch**** se croient eux aussi tout permis et que le<br /> discours qu'ils entendent à la maison ne nous aide pas, loin de là...J'en ai un cas probant cette année, genre "mon fils ne fera pas son heure de colle parce que c'est notre fils, jusqu'à nouvel<br /> ordre, c'est à nous de prendre les décisions qui le concernent..."(avec les fautes d'orthographe qui s'imposent dans ce genre de cas..)...<br /> On est pas rendu...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Il y a les parents des conseils de classe, en général totalement à côté de la plaque (pour faire beaucoup plus vite que dans votre intéressante note). Et il y a les parents des rencontres<br /> parents-professeurs qui m'attristent beaucoup : ayant eux-mêmes bénéficié d'un bon système d'enseignement public, ils ne comprennent pas comment leur enfant, grandi dans un milieu francophone,<br /> modeste mais pas défavorisé, voire même culturellement privilégié (témoin cet élève qui m'a raconté comment sa grand-mère lui avait donné un outil mnémotechnique pour se souvenir des grands auteurs<br /> du XVIIe siècle: Sur la racine de la bruyère, la corneille boit l'eau de la fontaine Molière...), ne sait toujours pas lire et écrire en classe de 4e. Ils me parlent du prochain rendez-vous chez<br /> l'orthophoniste, qui peut-être leur apportera la clef du problème. Je leur suggère de contacter un ancien instituteur à la retraite pour que leur enfant puisse réapprendre à lire. Je critique sans<br /> avoir l'air de la critiquer l'institution (dont je leur demande qu'ils la soutiennent quand leur enfant s'est mal conduit en classe). Un difficile équilibre...<br /> Bref, j'en appelle au témoignage de tous les républicains-"réacs de gauche" (?)-amoureux de la transmission méthodique et systématique des savoirs: que faites-vous face à ces parents perdus et<br /> désespérés ?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> EnsEignez-lui, bien sûr ;)<br /> Signalons aux pivoteurs (dont je suis) que les bonnes soeurs n'enseignaient pas le clavier - ni mes instituteurs.<br /> Quant à mon cher Cele', c'est déjà bien qu'il n'ait plus de touche ENVOI éjectable ! (authentique)<br /> <br /> <br />
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P
<br /> "Ma mère avait raison"...?<br /> Oui mais non ;)<br /> Raison d'engendrer un fils doué (oh le gros mot!) dans un milieu privilégié, certainement.<br /> Pour le reste... Je ne crois pas aux bonnes méthodes, et du coup pas plus aux mauvaises. Ayant suivi un entier cursus dans le public, mais à une autre époque, j'en conclus... qu'on ne peut rien<br /> conclure (les grosses feignasses post-baby-boom qui attribuent à la vilaine globale les résultats de leur inattention doublée de prétention, on connaît ça).<br /> Comme prof débutant, par contre - je n'ose le "en revanche", hem - les parents qui disaient : "n'hésitez pas à lui taper dessus" (sic!), j'ai eu aussi. Comme Neill, d'ailleurs, en avait.<br /> Patrice pas né de la dernière pédagogie ;)<br /> PS : ma belle LN, l'école publique n'est pas "obligatoire". Aucune école non plus, d'ailleurs... J'ai même un jour explosé face à des parents trop ch...érissants : "Ensignez-lui vous-mêmes, vous en<br /> avez le droit et ça nous fera des vacances."<br /> <br /> <br />
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